Il n’est plus lui. Il n’est plus cet homme aux sommeils harassés, ce goût de cendre, cette peau bistre, ce silence. Ce silence. Pourtant ce visage raviné, ce visage qu’il ne reconnaît plus lorsqu’il le croise, cet autre n’est rien d’autre que lui. Un autre raisonné, entendu dans son rêve aux carrefours d’une lézarde et d’un repli de plâtre. Un autre décidé d’en finir avec son amour, ce tourment des heures lentes, ces cigarettes allumées, les unes après les autres enfilées, aspirées alors que s’égrènent les klaxons monotones de la rue en contrebas, une rue sans piéton, une rue qu’il ne voit pas, juste des bruits de klaxons et, parfois, des éclats de voix, des injures de gens pressés.
Il a le vertige d’être double : être lui, lui seul dans cette chambre, seul dans cette ville, depuis si loin, et être l’autre, autre à distance, autre qui lui parle, autre qui lui dit « finis cet amour ! ».